Depuis de nombreuses années, j’écris divers articles et textes sur le stress et l’anxiété. À l’intérieur de ces textes, je propose différents outils et plusieurs stratégies afin d’aider les familles, les éducateurs et les éducatrices à mieux comprendre ces thèmes et ainsi, à mieux intervenir auprès des enfants.
Être un parent d’un enfant qui vit du stress et de l’anxiété n’est pas toujours facile à gérer au quotidien. Effectivement, cela demande de la patience, de l’indulgence, beaucoup de respirations, de l’auto-contrôle, d’être créatif et surtout avoir une bonne bouteille de vin sous la main (ou même plusieurs!) ? Trêve de plaisanteries, lorsque notre enfant vit divers défis et difficultés dans son parcours, nous sommes régulièrement confrontés avec notre propre stress, nos propres émotions, nos ressentis et notre petite voix intérieure qui nous crie de lui trouver des solutions, de le faire pour lui, ou tout simplement de vouloir l’enfermer quelque part le temps que la tempête se passe. Est-ce normal vous demanderez-vous? Eh bien oui! Nous sommes tous des êtres humains avec des émotions et des ressentis qui nous guident dans cette grande aventure qu’est la parentalité. Je suis tout comme vous une maman, une conjointe et une femme qui vit plusieurs émotions et situations, ce qui parfois me met dans tous mes états au point de ne plus y voir clair.
Aujourd’hui, j’aimerais vous partager le premier chapitre du quotidien et de la réalité que je vis avec ma fille Charlyne, qui aura 13 ans le 9 octobre prochain. J’espère vous apporter des outils et des réflexions qui vous guideront à votre tour avec votre petit trésor.
Depuis sa naissance, ma fille a vécu plusieurs situations stressantes et traumatisantes, ce qui a eu pour effet de lui faire vivre du stress et de l’anxiété et, par le fait même, nous en faire vivre les répercussions, à moi et mon conjoint. Loin de moi l’idée de culpabiliser ma fille et lui mettre tous les torts sur le dos! Avec son histoire, j’aimerais vous offrir une nouvelle façon de voir et de vivre le stress et l’anxiété avec votre famille.
Comme vous pourrez le constater, ce n’est pas parce que j’ai accumulé des heures en diverses formations et des heures de nombreuses lectures que je suis la maman parfaite! Loin de là! J’ai vécu des moments où j’ai crié, où je me suis désorganisée et cela a eu pour effet d’empirer la situation et de désorganiser encore plus ma fille. Le fait est que, lorsque nous perdons nos moyens (ce qui peut être parfaitement normal), l’enfant, lui, le ressent et se désorganise à son tour. Et il cherche alors quelqu’un de confiance sur qui il va pouvoir s’appuyer en toute sécurité. Avec mon témoignage, je veux vous démontrer l’importance d’être vrai, sincère et disponible lorsque votre enfant vit une émotion intense comme le stress. En fait, j’aimerais pouvoir vous apporter un peu de déculpabilisation en vous disant que, si vous n’êtes pas en état de pouvoir aider votre enfant ou de terminer l’intervention avec lui, n’hésitez pas à demander le support de votre conjoint/conjointe. Retirez-vous et revenez quelques minutes plus tard. Le but est de pouvoir retrouver votre cerveau intelligent et ainsi, d’apporter le soutien adéquat à votre enfant.
Alors, commençons.
Ma belle cocotte a débuté sa jeune vie avec une hospitalisation pour une pneumonie à l’âge de trois semaines, suivie par plusieurs autres. Dix-neuf pour être bien précise et ce, jusqu’à l’âge de quatre ans. De nombreux traitements et médicaments, inhalothérapie, pompes et ce, deux fois par jour. Vous aurez compris qu’il y a eu beaucoup de stress, peu de sommeil, beaucoup de combats pour prendre ces «foutus» médicaments et de nombreux petits conflits avec mon conjoint qui a un trouble d’anxiété généralisé (TAG). La plus grande peur pour mon mari, qui est infirmier, était d’avoir un enfant malade. Ironie du sort me direz-vous. J’ai donc dû prendre beaucoup de responsabilités sur mes épaules pour donner le meilleur à ma fille et m’assurer qu’elle ne subisse pas trop d’inconvénients, de stress et d’inquiétudes. Je ne vous apprends rien en vous disant que, lorsque nous sommes à fond dans une situation, nous perdons un peu la notion du temps et nous avançons sans trop se poser de questions comme: «Comment ça va toi?».
Lorsque des épreuves surviennent dans notre quotidien, il est particulièrement important de prendre le temps de s’arrêter et d’observer ce qui nous fait sourire, ce qui nous amène à être paisible, serein et de s’en nourrir tous les jours. Pour ma part, ce furent les enfants avec qui j’ai eu le bonheur de travailler, mes amis, ma famille et les formations que j’ai suivies qui m’ont permise de mettre de la lumière et de la compréhension sur ce que ma famille et moi vivions à cette période.
De son côté, mon conjoint se réfugiait dans son passe-temps préféré: faire du quatre roues. Il tentait ainsi de diminuer ses peurs et ses angoisses face à la condition de notre petite fille. Je me retrouvais donc seule à gérer la partie «maladie et médicaments», c’est-à-dire les crises, les pleurs, les refus, ainsi que mes propres émotions et frustrations. Et ce, avec nos deux enfants. Loin de moi l’idée de porter des accusations et des jugements, je tiens à vous le rappeler! Je veux seulement mettre en lumière l’importance du travail d’équipe et le respect de l’autre. Il est primordial d’être une équipe, de se serrer les coudes, de s’écouter mutuellement, de partager les tâches du quotidien, même celles qui nous font peur ou qui nous stressent. Pour mon mari, c’était évident que c’était moi la responsable de l’éducation durant la petite enfance et celle qui apportait les soins de bases aux enfants, étant donné mon métier et mes connaissances. Nous avons eu plusieurs mises au point et plusieurs discussions à ce sujet pour traverser cette partie de notre vie. Ce ne fut pas toujours facile et évident, nous avons dû mettre beaucoup d’eau dans notre vin (et en boire aussi par le fait même!) pour retrouver notre équilibre et notre merveilleuse équipe.
Arrive ensuite l’entrée à la maternelle. Charlyne grandit. Ses poumons et son système immunitaire grandissent également, ce qui lui permet de diminuer les infections. Ouf! Enfin, on peut respirer! L’intégration se passe bien, elle adore sa nouvelle école. Mais il y a tout de même une période d’adaptation où elle apprend à faire confiance à l’adulte, à son nouvel environnement. Cette période dure environ cinq à six mois. Eh oui! N’entre pas qui le souhaite dans la bulle de ma cocotte! Cela demande du temps, de la patience et de la persévérance. Vous reconnaissez votre enfant ?! On oublie à quel point la marche entre la petite enfance et l’école primaire est grande et demande parfois beaucoup d’énergie et d’adaptation pour nos petits trésors.
En première année, arrive l’incident de l’étouffement. Et cela a poussé le cerveau primitif de ma fille à se mettre en mode protection, soit attaquer, figer ou fuir. Lorsqu’il y a une nouveauté, un changement ou une information qui se situe au niveau de son corps, Charlyne devient anxieuse et croit que la catastrophe est cachée derrière la porte. S’ensuit alors un vent de panique, de la peur, des pleurs et une fermeture quasi-complète.
Il y a plusieurs années, j’ai découvert l’hypnose conversationnelle. Je la mets en pratique avec elle afin de l’aider à revenir dans un état de calme et de disponibilité. Lorsqu’elle était plus petite, j’avais installé la technique du bouton du courage à l’intérieur de sa main. C’est une technique qui amène l’enfant à se visualiser dans une situation où il ressent, par exemple, le calme, la joie, la détente, la santé. En fait, le cerveau associe un état à un geste.
Avec Charlyne, je travaille également avec les cartes créatives de Lise Bartoli Ces histoires lui permettent de s’évader, de se dissocier, de percevoir la situation au travers différents héros et de trouver des solutions positives et acceptables pour elle. En fait, c’est une partie d’elle qui façonne et qui évolue de manière parfaitement inconsciente, ce qui permet une libération des tensions et des émotions. C’est un outil incroyable avec les enfants. Lorsqu’on invite un enfant à créer son histoire, il est important de ne pas intervenir avec nos propres perceptions. On peut poser des questions à l’enfant mais le but est de l’inviter à réfléchir, à faire sa propre analyse de la situation et à créer lui-même des solutions efficaces. On laisse libre court à son imagination afin de façonner une stratégie gagnante. Je sais que ce n’est pas toujours évident, croyez-moi! Il y a de nombreuses fois où j’ai ajouté mon grain de sel mais ce n’est pas l’idéal, puisque l’enfant reprend exactement cette solution et essaie de l’appliquer. Or, si son cerveau est sous le stress, il n’a plus accès aux stratégies qui lui ont été données. Il perd donc le contrôle et tombe davantage en stress, voire en panique.
Je termine ce premier chapitre en vous disant ceci: être parent, ça se vit tous les jours. On commet forcément des erreurs mais aussi des bons coups. Prendre le temps de reconnaître ses échecs, s’excuser, observer ce qui nous a poussé à agir ainsi, en retirer des apprentissages positifs et constructifs, tout cela permettra à notre enfant de grandir et d’évoluer à son tour. Rappelez-vous, la perfection n’existe pas! Je vous propose donc de découvrir le parent parfaitement imparfait en vous et d’aller puiser dans vos forces, vos folies et de les mettre en pratique tous les jours avec votre famille. Votre enfant souhaite partager ces moments de bonheur, de pleine disponibilité, d’amour et de chaleur avec vous, même si cela n’est que pour cinq minutes. Vaut mieux un cinq minutes bien senti que 30 minutes où l’on est complètement absent et pris dans nos propres émotions.
Je vous dis à très bientôt pour le deuxième chapitre de ma vie de maman!
Laithicia xxx
Laithicia Adam, coach familial/Hypnologue spécialisée avec les 0 à 12 ans
Propriétaire et fondatrice de Lili Rescousse