Est-ce que mon enfant me manipule?

Il est courant pour les parents de se demander si leur tout-petit est capable de les manipuler. J’entends régulièrement les constats suivants auprès des familles avec qui je travaille :

Il me teste.

Elle le fait exprès pour m’énerver.

Il me fait marcher.

Elle joue la comédie.

Est-ce que cela vous rappelle quelque chose? Oui, certains enfants sont de fins argumentateurs et de prodigieux négociateurs, mais rappelez-vous qu’ils apprennent souvent par imitation. Je vous retourne donc la question: êtes-vous facilement manipulable? Utilisez-vous une certaine manipulation pour arriver à vos fins? Par exemple, dites-vous à votre enfant :

Si tu t’endors sans faire de crise, maman va t’acheter une belle surprise, ok?

Ou encore,

Si tu ne fais pas de crise à l’épicerie, papa va t’acheter des bonbons!?

Vous vous dites peut-être: Oui, mais ce n’est pas pareil. Moi je suis le parent, il doit m’écouter!. Je vous invite donc à aller voir de plus près ce qu’il en est réellement.

Bien que les bébés et les jeunes enfants puissent sembler mignons et innocents, ils peuvent parfois avoir des comportements qui semblent être destinés à obtenir ce qu’ils veulent, comme des câlins, des jouets ou des friandises.

Les tout-petits : incapables de manipuler

Cependant, il est important de noter que les tout-petits ne sont pas conscients de la manipulation en tant que tel. Ils ne savent pas comment utiliser des tactiques sophistiquées pour obtenir ce qu’ils veulent, comme la culpabilisation ou la flatterie. Cela nécessite une compréhension plus avancée de la psychologie humaine et plusieurs processus mentaux tels que la planification, la prise de décision, la coordination des mouvements et la perception sensorielle.

Ces fonctions sont principalement contrôlées par différentes régions du cerveau qui travaillent en collaboration avec le cortex moteur primaire, situé dans la partie antérieure du lobe frontal. Cette région est responsable de l’initiation et de la coordination des mouvements volontaires, y compris la manipulation fine des objets, comme bien utiliser un crayon. Le cervelet est également important pour la manipulation, car il aide à réguler et à coordonner les mouvements, en particulier ceux qui nécessitent une précision fine.

Du nourrisson jusqu’à l’âge de 6 ou 7 ans, l’enfant n’a pas encore les connexions neuronales pour faire de la manipulation. Il entre tout juste dans la gestion des émotions, alors imaginez tout ce que ça lui prend pour effectuer cette malicieuse et sournoise manipulation de manière consciente et dirigée.

Une réaction négative = Un besoin non comblé

Tout ce que les tout-petits peuvent faire est de réagir aux situations qui leur sont présentées. S’ils pleurent, c’est peut-être parce qu’ils ont besoin d’être consolés. S’ils agissent de manière difficile ou agressive, c’est peut-être parce qu’ils se sentent frustrés ou fatigués. C’est donc une merveilleuse idée de répondre aux besoins de l’enfant afin de lui permettre d’être rassuré, sécurisé et apaisé dans l’émotion qu’il est en train de vivre. Est-ce que cela est toujours facile? Bien sûr que non! Il est donc important de travailler en équipe avec son coparent afin d’être la meilleure version de vous-mêmes et d’assurer une présence solide et réconfortante auprès de l’enfant.

La clé : verbaliser les besoins et les émotions de l’enfant

Voici quelques stratégies que vous pourriez mettre en place pour faciliter la communication et la verbalisation des besoins et des émotions :

  1. Observer l’enfant et identifier le besoin à combler.
  2. Être à l’écoute pour mieux comprendre ce qui se passe et adapter votre soutien dans les situations difficiles.
  3. Encourager la communication ouverte : créer un environnement où l’enfant se sent à l’aise pour parler de ses sentiments, ses émotions, ses peurs et ses préoccupations. Cela lui permet de mieux exprimer ses besoins.
  4. Encourager l’autonomie : permettre à l’enfant de prendre des décisions et de résoudre des problèmes par lui-même. Il développe ainsi sa confiance en lui et en ses capacités.
  5. Mettre en application la règle des 6 C : établir des limites Claires, Constantes, Cohérentes, Conséquentes, Connues de l’enfant, dans un climat de Chaleur et de sécurité.

 

En résumé, votre tout-petit exprime un besoin qui est à combler par son comportement qui peut paraître de la manipulation à vos yeux ou à ceux de votre entourage. Entendez-vous parfois des phrases comme : «Laisse-le pleurer», «Ne le prends pas trop, tu vas le gâter», «Il te manipule avec son beau grand sourire!». Vous pouvez faire cet enseignement auprès de votre entourage et leur fournir une réponse telle que: «Les tout-petits n’ont pas la capacité ni la conscience de manipuler les personnes autour d’eux, c’est physiologiquement impossible!». Prenons donc le temps d’observer nos propres réactions et interventions, puis ajustons notre réponse à leurs besoins.

Les conséquences de la manipulation chez nos enfants

Tant qu’à parler de la manipulation, j’aimerais aussi aborder la manipulation envers nos enfants. Cela peut avoir des effets profonds sur le cerveau de l’enfant. Les enfants sont particulièrement vulnérables aux manipulations émotionnelles et psychologiques, car leur cerveau est encore en train de se former et ils n’ont pas encore développé toutes les compétences nécessaires pour évaluer de manière critique les informations qui leur sont présentées.

Lorsqu’un enfant est manipulé, cela peut avoir des conséquences négatives sur son développement émotionnel et psychologique. La manipulation peut entraîner une baisse de l’estime de soi, une confusion émotionnelle, une méfiance envers les autres et une tendance à se replier sur soi. Les enfants peuvent également développer des troubles anxieux et dépressifs à la suite d’une manipulation prolongée.

La manipulation peut également avoir des effets négatifs sur les compétences cognitives. Les enfants qui sont manipulés ont souvent du mal à distinguer la réalité de la fiction et peuvent avoir des difficultés à comprendre les concepts abstraits. Ils peuvent également avoir des difficultés à résoudre des problèmes avec la fratrie et/ou avec leurs amis.

Encore une fois, on parle ici d’une manipulation prolongée. Inutile donc de vous flageller s’il vous est déjà arrivé d’utiliser cette technique. Mais en être conscient et essayer de trouver une meilleure alternative, c’est une excellente idée!

Comme à l’habitude, je reste à votre écoute.

 

Laithicia Adam, coach familial, hypnologue

Spécialisée avec les 0-12 ans

 

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