Ma fille et moi: l’hypersensibilité et ses impacts

Dans ce deuxième chapitre de ma vie de maman, j’aimerais vous parler de l’hypersensibilité sensorielle, un terme que nous commençons à entendre mais qui est déjà parmi nous depuis de nombreuses années.

Avez-vous déjà vécu une situation avec votre enfant comme une crise pour brosser les cheveux, pour couper les ongles, pour sécher les mains dans les toilettes publiques avec le séchoir à main ou lorsque vous appuyez sur la chasse d’eau? Est-ce que votre enfant met les mains sur ses oreilles et hurle à plein poumon, ou déteste être sale ou mouillé?  Bébé est-il inconsolable le soir entre 18h à 23h?

Oui! J’ai moi-même vécu toutes ces expériences avec ma fille, et plus encore. Je vous avoue qu’à l’époque, je ne savais pas trop ce qui se passait et je n’avais pas encore entendu parlé de l’hypersensibilité sensorielle et de ses impacts. Est-ce que j’ai crié, pleuré? Oui, je suis humaine moi aussi. Cependant, j’ai rapidement cherché comment je pouvais aider ma fille à se sentir mieux et surtout à pouvoir diminuer les charges sur son système nerveux.

Sachez avant tout que nous sommes tous susceptibles de vivre à un moment ou un autre de l’hypersensibilité sensorielle selon les différents contextes et situations dans notre quotidien.

Voyons ensemble ce qu’est par définition, l’hypersensibilité:

Selon le petit Larousse :   Sensibilité exagérée ou extrême. Synonyme : hyperémotivité.

Selon Josiane Caron Santha, ergothérapeute et auteure du livre 10 questions sur les hypersensibilités sensorielles chez lenfant et ladolescent (Éditions Midi trente), le cerveau de l’enfant filtre et traite différemment les informations reçues et il se retrouve en surcharge. « On dira d’eux qu’ils réagissent trop, à trop de choses, et trop longtemps ».

L’hypersensibilité, aussi appelée hyperréactivité, nest pas une maladie et nest pas reconnue comme un trouble médical : elle ne fait pas partie du DSM-5, la bible des troubles mentaux. Il s’agit plutôt d’un ensemble de caractéristiques donnant une couleur, un profil. « On n’en guérit pas, mais on peut apprendre à vivre avec ses hypersensibilités sensorielles », précise-t-elle.

Lorsque ma fille était bébé…

Lorsque ma fille était bébé, elle avait des périodes de pleurs intenses entre 18h à 23h où rien ne la consolait, de l’âge de un mois à 4 mois, tous les soirs sans exception. En fait, ce qui se produisait, c’est qu’elle accumulait tout au long de la journée différents stimuli externes tels que les bruits, la lumière, la proximité et les sons. Cela créait une surcharge d’informations dans son cerveau et se transformait en stress. Donc, le soir venu, elle les extériorisait par des pleurs. C’était une enfant très curieuse qui dormait à peine 15 minutes durant la journée. Un jour, plus précisément vers ses 4-5 mois de vie, j’ai découvert la technique pour l’emmailloter très serré avec sa couverture et je lui en ai mis une deuxième sur la tête afin de limiter les interactions. Cette pratique lui permettait de se laisser aller enfin vers un sommeil récupérateur et bénéfique pour son cerveau et son corps. En fait, la contraction et la décontraction de mes mouvements et des siens lui permettaient de faire une décharge émotionnelle et donc de s’endormir paisiblement ????

 

Les facteurs qui peuvent contribuer ou influencer

L’hypersensibilité sensorielle est une condition dans laquelle une personne réagit de manière excessive aux stimuli sensoriels ordinaires. Les facteurs qui peuvent contribuer à l’hypersensibilité sensorielle peuvent varier d’une personne à l’autre. V voici quelques-uns des facteurs les plus courants :

  1. Facteurs génétiques : certaines personnes sont simplement plus susceptibles d’avoir des systèmes sensoriels hyperactifs en raison de leur constitution génétique;
  2. Troubles neurologiques:  chez certaines personnes atteintes de troubles neurologiques tels que le trouble du spectre de l’autisme (TSA), le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH), le syndrome de l’intestin irritable (SII) et la fibromyalgie. Ces conditions peuvent être plus présentes vu la façon dont le cerveau traite les stimuli sensoriels;
  3. Sensibilité émotionnelle : les personnes ayant une sensibilité émotionnelle peuvent être plus susceptibles de réagir fortement aux stimuli sensoriels. Les émotions intenses peuvent amplifier la perception sensorielle;
  4. Traumatisme ou expérience stressante : les personnes ayant vécu des traumatismes ou des expériences stressantes peuvent développer une hypersensibilité sensorielle comme mécanisme d’adaptation. Leur système nerveux peut devenir hypersensible pour se protéger contre les stimuli perçus comme menaçants;
  5. Sensibilité physique: certaines personnes ont naturellement une sensibilité physique plus élevée, ce qui peut les rendre plus réactives aux stimuli sensoriels dont le toucher, l’odorat, la vue, l’ouïe et le goûElle peut donc se trouver dans toutes les sphères de votre quotidien familial.
  6. Sensibilité environnementale : l’environnement peut jouer un rôle important dans l’hypersensibilité sensorielle. Des stimuli tels que les bruits forts, les lumières vives, les odeurs intenses ou les textures désagréables peuvent provoquer des réactions chez les personnes hypersensibles;
  7. Les différents contextes et les différentes situations comme les changements de saisons, le début de l’année scolaire, les hormones, un stress, une séparation, un déménagement etc.

 

Il est important de noter que l’hypersensibilité sensorielle peut être une expérience subjective et varier considérablement d’une personne à une autre. Les facteurs ci-dessus ne sont pas exhaustifs et il peut y avoir d’autres influences individuelles sur l’hypersensibilité sensorielle.

Pour ma fille et moi, le syndrome prémenstruel est l’une des grandes influences sur notre hypersensibilité. Les odeurs sont plus intenses, le bruit lorsque quelqu’un mastique ou boit nous affecte beaucoup et crée une surcharge très rapide dans notre cerveau et sur notre corps.

Comment faire pour réduire les impacts sur nous et les autres?

Ouf! Pas toujours évident! Mais je vous dirais que la toute première chose est d’être conscient de cette condition et de connaître ce qui nous procure un apaisement pour le corps et le système nerveux central.

L’hypersensibilité peut être un défi, mais il existe plusieurs astuces et techniques qui peuvent aider à réduire ses effets. Voici quelques conseils qui pourraient vous être utiles :

– L’auto-observation : apprenez à reconnaître les déclencheurs et les situations qui exacerbent votre hypersensibilité. Cela vous aidera à anticiper et à vous préparer émotionnellement.

Reconnaître et verbaliser comment l’enfant se sent : il est important de lui permettre de comprendre ce qui se passe en lui et comment les différents déclencheurs l’amènent à vivre cet état. Ainsi votre enfant se sent écouté, compris et en sécurité.

– L’empathie, la tolérance et la patience : effectivement, vous en aurez besoin, croyez-moi! Cependant, comprenez bien que votre enfant ne fait pas exprès d’agir ainsi. Il vit une surcharge au niveau de son système nerveux et de son cerveau, donc vous devez regarder avec lui les différentes solutions pour lui permettre d’évacuer son trop-plein. Ainsi, votre enfant pourra à nouveau être disponible et retourner à ses occupations.

Stratégies que vous pourriez utiliser avec votre enfant:

– Instaurer une routine stable et prévisible, avec des images ou en format écrit;

– Utiliser des petits défis à sa portée comme par exemple : si votre enfant refuse de s’habiller, offrez-lui le défi de porter le vêtement pendant une minute, puis augmentez le temps selon la tolérance de l’enfant;

– Faire des petites pratiques tous les jours, augmenter la durée et utiliser le jeu, l’humour ou son personnage préféré pour dédramatiser la situation;

– L’impliquer dans la solution, lui demander comment il ferait, ce dont il a besoin;

– Offrir le gros câlin ou un objet pour faire une contraction/décontraction du corps;

– Faire de la prévention comme par exemple: sortir les vêtements du printemps un mois avant et les laisser trainer afin que l’enfant puisse s’y habituer et ainsi être prêt lorsque le moment sera venu de les porter;

  • Favoriser l’utilisation de matériel sensoriel ou des objets facilitant la compréhension de votre consigne ou de votre demande, comme par exemple:
  • Se servir d’un cerceau ou d’une corde pour délimiter sa bulle ;
  • Prendre un bas et le tourner à l’envers ;
  • Manipuler un ourson pour faire une décharge émotionnelle ;
  • Utiliser des images et des pictogrammes ;
  • Utiliser des coquilles anti-bruit ;
  • Favoriser des parfums agréables ou de la mousse à l’heure du bain ;
  • Diffuser dans la chambre des huiles essentielles ;

 

L’hypersensibilité sensorielle ne se guérit pas, mais avec la maturité du système nerveux, la connaissance de soi et des stratégies de gestion, elle peut diminuer, devenir plus facile à gérer et moins handicapante pour l’enfant et les autres autour de lui. Si vous vous sentez démuni ou dépassé par la situation, n’hésitez pas à consulter un ergothérapeute ou un professionnel qui pourra vous éclairer et vous guider vers différentes avenues.

 

Laithicia Adam, coach familial, Hypnologue

Spécialisée avec les 0 à 12 ans.

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